Comment aider un enfant “ prodigue ” ?

[daniel]

‘ Il fallait bien se réjouir, parce qu’il était perdu et il est retrouvé. ’ — LUC 15:32.
“ JE LAISSE tomber la vérité ! ” Quel choc le jour où des parents qui craignent Dieu et qui se sont démenés pour élever leurs enfants dans le christianisme entendent de telles paroles ! D’autres jeunes vont “ à la dérive ” sans rien dire de leurs intentions (Hébreux 2:1). Beaucoup ressemblent au fils prodigue de la parabole de Jésus, qui a quitté la maison de son père puis est allé dilapider son héritage dans un pays lointain. — Luc 15:11-16.
2 La plupart des Témoins de Jéhovah échappent à une épreuve de cet ordre, mais ceux qu’elle frappe éprouvent un chagrin qu’aucune parole consolante ne peut effacer complètement. Il est fort probable que le jeune rebelle soit lui aussi malheureux. Sa conscience peut le troubler profondément. Dans la parabole de Jésus, le fils prodigue est finalement “ revenu à la raison ”, à la grande joie de son père. Comment les parents et les autres membres de la congrégation peuvent-ils aider les enfants prodigues à ‘ revenir à la raison ’ ? — Luc 15:17.
Pourquoi certains décident d’abandonner
3 Des centaines de milliers de jeunes sont heureux de servir Jéhovah dans la congrégation chrétienne. Pourquoi certains abandonnent-ils, dans ce cas ? Ils ont parfois le sentiment de passer à côté de quelque chose que le monde propose (2 Timothée 4:10). Ou bien ils trouvent que l’enclos protecteur de Jéhovah impose trop de restrictions. Une conscience coupable, un vif intérêt pour l’autre sexe ou le désir d’être accepté par ses camarades peuvent aussi pousser un jeune à s’éloigner du troupeau de Jéhovah. Ou encore il cessera de servir Dieu parce qu’il aura l’impression que ses parents ou d’autres chrétiens sont hypocrites.
4 La rébellion d’un enfant, qu’elle se traduise dans son état d’esprit ou dans son comportement, est généralement un symptôme de faiblesse spirituelle ; elle reflète ce qu’il a dans le cœur (Proverbes 15:13 ; Matthieu 12:34). Quelle que soit la raison qui amène un jeune à s’égarer, la racine du problème est souvent qu’il n’a pas “ une connaissance exacte de la vérité ”. (2 Timothée 3:7.) Il ne suffit pas que les enfants adorent Jéhovah par routine ; il est indispensable qu’ils aient avec lui des relations étroites et personnelles. Qu’est-ce qui les y aidera ?
Approchez-vous de Dieu
5 “ Approchez-vous de Dieu, a écrit le disciple Jacques, et il s’approchera de vous. ” (Jacques 4:8). Pour qu’un jeune y parvienne, il faut lui donner le goût de la Parole de Dieu (Psaume 34:8). Au départ, il aura besoin de “ lait ”, les enseignements élémentaires de la Bible. Mais à partir du moment où il trouvera du plaisir dans la Parole de Dieu et prendra goût à la “ nourriture solide ” (les questions spirituelles profondes), il ne sera plus loin de la maturité spirituelle (Hébreux 5:11-14 ; Psaume 1:2). Un jeune qui avait embrassé le mode de vie du monde s’est mis à apprécier les valeurs spirituelles. Comment a-t-il changé ? On lui a suggéré de lire la Bible en entier ; il a alors suivi un programme régulier de lecture. Il est indispensable de lire la Parole de Dieu régulièrement pour entretenir des liens étroits avec Jéhovah.
6 Il est primordial que les parents transmettent à leurs enfants l’amour de la Parole de Dieu. Une adolescente s’était acoquinée avec des délinquants alors que, dans sa famille, se tenait une étude régulière de la Bible. Elle se rappelle à propos de cette étude : “ Quand mon père posait les questions, je me contentais de lire les réponses, sans même le regarder. ” Les parents avisés ne parcourent pas simplement des paragraphes lors de l’étude familiale ; ils exercent l’art d’enseigner (2 Timothée 4:2). Pour qu’un jeune trouve du plaisir dans l’étude, il doit se sentir concerné. Pourquoi ne pas lui poser des questions d’opinion et le laisser s’exprimer ? Encouragez-le à faire des applications pratiques des matières examinées.
7 En outre, rendez la discussion biblique vivante. Quand cela s’y prête, demandez à vos enfants de jouer les événements. Donnez-leur les moyens de se représenter les lieux et les particularités de l’endroit où ils se sont produits. Servez-vous de cartes et de tableaux. Moyennant un peu d’imagination, l’étude biblique sera vivante et variée. Les parents doivent également s’interroger sur leurs relations avec Jéhovah. Si eux-mêmes se rapprochent de Dieu, ils seront en mesure d’aider leurs enfants à le faire. — Deutéronome 6:5-7.
8 La prière aussi permet de s’approcher de Dieu. Une adolescente d’une quinzaine d’années était tiraillée : elle aimait le mode de vie chrétien, mais elle avait envie de côtoyer des amis qui ne partageaient pas ses croyances (Jacques 4:4). Qu’a-t-elle fait ? “ Pour la toute première fois, a-t-elle confessé, j’ai vraiment expliqué à Jéhovah ce que je ressentais. ” Sa prière a été exaucée, puisqu’elle a trouvé dans la congrégation chrétienne une amie à qui se confier. Elle sentait que Jéhovah la guidait, ce qui l’a poussée à nouer des relations personnelles avec lui. Les parents serviront les intérêts de leurs enfants en améliorant la qualité de leurs propres prières. Lorsqu’ils prient en famille, ils devraient épancher leur cœur, afin que leurs enfants perçoivent le lien qui les unit à Jéhovah.
Soyez patients, mais fermes
9 Quand un jeune commence à s’égarer, il cherche parfois à s’isoler et ne veut plus avoir de discussion spirituelle avec ses parents. Que peuvent faire les parents dans une situation aussi éprouvante ? Considérez la manière dont Jéhovah a agi avec l’Israël antique. Il a supporté les Israélites “ au cou raide ” pendant plus de 900 ans avant de les abandonner à leur rébellion (Exode 34:9 ; 2 Chroniques 36:17-21 ; Romains 10:21). Même s’ils l’ont ‘ mis à l’épreuve ’ à maintes reprises, Jéhovah a été “ miséricordieux ” envers eux. “ Bien des fois il fit s’en retourner sa colère, et il ne réveillait pas toute sa fureur. ” (Psaume 78:38-42). Dieu a été irréprochable dans ses relations avec eux. Les parents aimants imitent Jéhovah ; ils se montrent patients quand leur enfant ne répond pas immédiatement à leurs efforts.
10 Être patient ne signifie pas supporter, persévérer ; cela signifie se refuser à abandonner l’espoir que des relations perturbées s’améliorent. Jéhovah a montré ce qu’était la patience. Il a pris l’initiative d’envoyer ses messagers aux Israélites “ maintes et maintes fois ”. Il “ avait pitié de son peuple ”, même si celui-ci ‘ raillait les messagers du vrai Dieu, méprisait ses paroles ’. (2 Chroniques 36:15, 16.) Il demandait aux Israélites : “ Revenez, s’il vous plaît, chacun de sa voie mauvaise. ” (Jérémie 25:4, 5). Pourtant, Jéhovah n’a jamais transigé avec ses principes justes. Il disait aux Israélites de ‘ revenir ’ vers lui et vers ses voies.
11 Les parents imiteront la patience de Jéhovah en ne renonçant pas facilement si un de leurs enfants s’écarte du droit chemin. Ils garderont espoir, prendront l’initiative de maintenir la communication ou de la rétablir. Tout en respectant les principes justes, ils inviteront “ maintes et maintes fois ” l’enfant à revenir vers la vérité.
Quand un mineur est exclu
12 Il arrive qu’un mineur qui habite chez ses parents commette un péché grave et soit exclu de la congrégation parce qu’il ne se repent pas. Quelle conduite adopter alors ? Puisqu’il vit sous leur toit, ses parents ont toujours la responsabilité de l’instruire et de le discipliner conformément à la Parole de Dieu. Comment y parviendront-ils ? — Proverbes 6:20-22 ; 29:17.
13 Il est possible (il est même souhaitable) d’instruire l’enfant et de le discipliner en étudiant la Bible individuellement avec lui. Son père ou sa mère regardera au-delà de sa dureté et s’efforcera de voir ce que renferme son cœur. Quelle est la gravité de sa maladie spirituelle (Proverbes 20:5) ? Est-il possible de toucher la partie encore sensible de son cœur ? Quels versets citer ? L’apôtre Paul donne cette assurance : “ La parole de Dieu est vivante et puissante ; elle est plus acérée qu’aucune épée à double tranchant et elle pénètre jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et de leur moelle, et elle est à même de discerner les pensées et les intentions du cœur. ” (Hébreux 4:12). Oui, les parents ne sont pas obligés de se contenter de dire à leur enfant qu’il ne doit plus commettre de mauvaises actions. Ils peuvent enclencher et nourrir le processus de guérison.
14 Un jeune qui a commis une faute a besoin de renouer des relations avec Jéhovah. Le premier pas à franchir dans ce sens consiste à ‘ se repentir et se retourner ’. (Actes 3:19 ; Isaïe 55:6, 7.) Lorsqu’ils aident un enfant qui vit chez eux à se repentir, les parents doivent ‘ se contenir sous le mal, instruisant avec douceur ’ cet enfant qui n’est pas disposé favorablement (2 Timothée 2:24-26). Ils doivent le ‘ reprendre ’ au sens biblique du terme. Le mot grec rendu par ‘ reprendre ’ peut aussi se traduire par ‘ donner des preuves convaincantes ’. (Révélation 3:19 ; Jean 16:8.) On reprend donc un enfant en lui apportant suffisamment de preuves pour le convaincre qu’il a péché. Évidemment, ce n’est pas facile. Dans la mesure du possible, les parents en appelleront à son cœur ; ils emploieront tous les moyens permis par les Écritures pour le convaincre. Ils chercheront à lui faire saisir l’importance ‘ de haïr ce qui est mauvais et d’aimer ce qui est bon ’. (Amos 5:15.) Il reviendra peut-être “ à la raison, hors du piège du Diable ”.
15 La prière est indispensable pour renouer des relations avec Jéhovah. Il va de soi que personne ne ‘ fera une demande ’ à propos d’un péché éhonté pratiqué par un individu qui fréquentait la congrégation chrétienne et qui manifestement ne se repent pas (1 Jean 5:16, 17 ; Jérémie 7:16-20 ; Hébreux 10:26, 27). Néanmoins, des parents peuvent demander à Jéhovah de la sagesse pour gérer la situation (Jacques 1:5). Si un jeune qui est exclu donne des signes de repentance, mais n’a pas de “ franchise envers Dieu ”, ses parents pourront demander à Dieu que Sa volonté soit faite s’il trouve une raison de lui pardonner (1 Jean 3:21). En entendant ces prières, le jeune verra en Jéhovah un Dieu miséricordieux. — Exode 34:6, 7 ; Jacques 5:16.
16 Si un jeune qui est baptisé est exclu, les membres de la congrégation sont tenus de “ cesser de [le] fréquenter ”. (1 Corinthiens 5:11 ; 2 Jean 10, 11.) Cela l’incitera peut-être à ‘ revenir à la raison ’ et à retourner dans l’enclos protecteur de Dieu (Luc 15:17). Cependant, qu’il revienne ou non, rien n’empêche la congrégation d’encourager les membres de sa famille. Tous, nous pouvons chercher des occasions de manifester de la “ sympathie ” et d’être “ pleins d’une tendre compassion ” envers eux. — 1 Pierre 3:8, 9.
L’aide des autres
17 Qu’en est-il maintenant d’un jeune qui n’est pas exclu de la congrégation chrétienne, mais dont la foi s’est affaiblie ? “ Si un membre souffre, a écrit l’apôtre Paul, tous les autres membres souffrent avec lui. ” (1 Corinthiens 12:26). Les autres devraient s’intéresser à ce jeune. Bien entendu, il s’agit d’être prudent, car un élément spirituellement souffrant risque d’exercer une mauvaise influence sur d’autres jeunes (Galates 5:7-9). Dans une congrégation, par exemple, des adultes bien intentionnés voulaient aider quelques jeunes qui s’étaient affaiblis. Ils les ont donc invités plusieurs fois à jouer de la musique ensemble. Les jeunes ont accepté volontiers et ont passé de bons moments, mais ils se sont influencés mutuellement et ont finalement coupé les ponts avec la congrégation (1 Corinthiens 15:33 ; Jude 22, 23). Ce ne sont pas des réunions récréatives sans direction spirituelle qui guériront un enfant souffrant ; il lui faut des compagnies qui lui donneront le goût des choses spirituelles.
18 Quand un jeune qui a quitté la congrégation revient à la Salle du Royaume ou assiste à une assemblée, mettez-vous à sa place. Ne devrions-nous pas l’accueillir comme le père du fils prodigue de la parabole de Jésus (Luc 15:18-20, 25-32) ? Un adolescent qui avait quitté la congrégation chrétienne, puis avait assisté à une assemblée de district, a déclaré : “ Je pensais que tout le monde m’ignorerait, mais les frères et sœurs sont venus vers moi et m’ont souhaité la bienvenue. Cela m’a beaucoup touché. ” Il a de nouveau étudié la Bible et s’est fait baptiser par la suite.
Ne renoncez pas
19 Pour aider un enfant “ prodigue ” à ‘ revenir à la raison ’, il faut de la patience. La situation est éprouvante pour ses parents et pour son entourage. Mais ne renoncez pas. “ Jéhovah n’est pas lent en ce qui concerne sa promesse, comme certains considèrent la lenteur, mais il est patient avec vous, parce qu’il ne veut pas que qui que ce soit périsse, mais il veut que tous parviennent à la repentance. ” (2 Pierre 3:9). Les Écritures donnent l’assurance que Jéhovah veut voir les humains se repentir et vivre. N’a-t-il pas pris des mesures pour réconcilier les hommes avec lui (2 Corinthiens 5:18, 19) ? Grâce à sa patience, des millions de personnes sont revenues à la raison. — Isaïe 2:2, 3.
20 Les parents ne devraient-ils pas recourir à toutes les méthodes bibliques imaginables pour inciter leur enfant mineur à revenir à la raison ? Imitez Jéhovah : soyez patients lorsque vous prenez des mesures constructives dans le but que votre enfant revienne vers Dieu. Suivez fidèlement les principes bibliques, et efforcez-vous de refléter les qualités de Jéhovah, son amour, sa justice et sa sagesse, tout en le priant de vous aider. Beaucoup de rebelles endurcis ont accepté l’invitation bienveillante de Jéhovah à revenir ; pourquoi votre fils ou votre fille ne reviendraient-ils pas dans le troupeau qu’il protège ? — Luc 15:6, 7.
[Notes]
Pour d’autres suggestions sur la manière d’enseigner les jeunes efficacement, voir notre numéro du 1er juillet 1999, pages 13-17.
On ne prononcera pas publiquement, aux réunions de la congrégation, des prières en faveur d’un mineur exclu, car les autres ne connaîtront pas forcément sa situation. — Voir notre numéro du 15 janvier 1980, page 31.
Pour des suggestions précises, voir Réveillez-vous ! des 22 octobre 1972, pages 13-16, et 22 septembre 1996, pages 21-3.