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Le christianisme dans la Rome impériale

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Le christianisme dans la Rome impériale Empty Le christianisme dans la Rome impériale

Message  Invité Ven 1 Fév 2013 - 14:56

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Rome, ville cosmopolite

Tout d'abord, Rome devient peu à peu une cité cosmopolite : étrangers vivant à Rome (pérégrins), esclaves et affranchis sont dans les murs de la ville. Les Romains eux aussi voyagent : soldats, administrateurs, commerçants sont en contact avec l'Orient. L'extension des conquêtes romaines multiplie en effet les occasions, qu'elles soient d'ordre militaire, administratif, économique… Les juifs de la diaspora sont présents à Rome comme dans tout le bassin méditerranéen, les soldats et les commerçants introduisent le culte de Mithra, et le commerce avec l'Egypte hellénisée - grand fournisseur de blé - est déjà bien établi. Les échanges ne sont font pas à sens unique : si Rome a conquis le bassin méditerranéen, elle est à son tour influencée par des croyances, des pratiques religieuses d'abord perçues comme étrangères puis peu à peu intégrées - non sans heurts - à la vie de la cité.
Devant l'influence grandissante de ces religions orientales, les Romains vont osciller, suivant les cas, entre tolérance et rejet, voire répression. Nous en avons gardé le témoignage à travers les décisions politiques ou judiciaires, ainsi que par les œuvres des écrivains romains.
Ces derniers opposent souvent la religio, la religion officielle, établie, par laquelle les hommes passent avec les dieux un contrat qui établit la sécurité de l'État, à la superstitio, qui relève de la croyance individuelle, de pratiques non répertoriées. Certains Romains traditionalistes tolèrent mal des religions importées par des étrangers, esclaves de surcroît. Tacite met ainsi dans la bouche d'un sénateur les propos suivants :" Suspecta maioribus nostris fuerunt ingenia seruorum, etiam cum in agris aut domibus i[s]dem nascerentur caritatemque dominorum statim acciperent. Postquam uero nationes in familiis habemus, quibus diuersi ritus, externa sacra aut nulla sunt, conluuiem istam non nisi metu coercueris. " (Tacite, Annales, XIV, 44) Traduction: "Nos ancêtres redoutèrent toujours la nature même des esclaves, alors que, nés dans leurs champs ou sous leurs toits, ils apprenaient à chérir leurs maîtres en recevant le jour. Mais depuis que nous avons dans nos foyers toutes les nations, dont chacune a ses rites, et ses cérémonies d'origine étrangère, ou qui n'a n'en a pas, nous ne contiendrons ce vil et confus assemblage que par la crainte."
La propagation du christianisme des origines mal connues.
Contrairement au judaïsme et aux autres cultes orientaux dont l'origine remonte à un passé lointain, la religion chrétienne s'ancre dans un élément fondateur situé dans le temps - mais qui a laissé fort peu de témoignages historiques : la naissance de Jésus (entre 7 et 4 avant J.-C., l'erreur de datation remontant au sixième siècle), sa vie publique et sa mis au poteau à Jérusalem, vers l'an 33. Il est en effet accusé d' "empêcher de payer les impôts à César" et de "se dire le roi des juifs" (Évangile de Luc, 23, 2). Un seul texte antique, écrit par Flavius Josèphe, relate l'événement - et c'est un texte contestait, le passage pouvant avoir été ajouté tardivement (Flavius Josèphe, Les antiquités juives, XVIII, 63-64). On peut supposer que pour l'immense majorité des Romains d'Italie centrale, cet événement dut passer totalement inaperçu : Jésus n'est qu'un des nombreux agitateurs, qui, à leurs yeux, sèment le désordre en Palestine, trouble de l'ordre public que le gouverneur romain alors en fonction - Ponce Pilate - se doit de réprimer.
On ignore de quelle manière le christianisme arrive à Rome, mais sa présence y est attestée dès les années 40 après J.- C.par des prosélytes romains rentrés de Jérusalem après la pentecôte de l'an 33. Au Ier et au IIème siècles, le poids et l'influence des chrétiens sur la vie romaine sont encore faibles. La christianisation reste lente jusqu'à la fin du deuxième siècle, puis connaît un essor plus rapide. La diffusion de cette religion dans la capitale de l'Empire est mal connue, et nous possédons peu de traces probantes de son développement : Il n'existe pas de vestiges archéologiques, ni en Italie centrale ni ailleurs : les chrétiens se réunissent dans les synagogues, puis dans des maisons particulières. A Rome, les fouilles n'ont pas mis à jour d'iconographie ou d'épigraphie avant celles des catacombes datées du IIIème siècle, en particulier la catacombe de Calliste à Rome. En effet, les chrétiens des deux premiers siècles suivent pour une grande partie les coutumes juives qui interdisent toute représentation de la divinité: ils " évitent d'édifier des statues, des autels et des temples. " (Celse, Discours vrai, vers 180 après J. -C. , cité par Origène, Contre Celse, VIII, 17).
D'autre part, les textes d'auteurs romains sont peu nombreux. En effet, les écrits qui attestent de la naissance du christianisme sont pour l'essentiel des textes chrétiens, qui ont été écrits non pour fournir des renseignements historiques, mais pour diffuser un message, une " nouvelle " : en grec, le mot évangile signifie " bonne nouvelle ".
Nous en sommes donc largement réduits aux hypothèses pour expliquer la christianisation progressive du monde romain. Certes, et comme toutes les religions orientales, ce culte bénéficie du caractère cosmopolite de l'Empire et du besoin d'une vie religieuse moins formelle, plus individuelle que celle des cultes officiels. On peut supposer que le christianisme est alors en mesure de combler des aspirations mystiques, par une doctrine du salut qui montre l'action directe de dieu dans le monde.
Le sacrifice du Christ, ressuscité et donc vainqueur de la mort, ouvre la perspective d'une vie éternelle, aussi bien pour l'individu que sur le plan eschatologique (c'est-à-dire qui concerne la fin de l'histoire et du système de choses). La résurrection des justes fait suite à une existence terrestre où la relation personnelle avec Dieu est présentée comme une priorité et conduit à adopter des règles morales dont la société romaine, en des temps bouleversés, semble avoir ressenti la nécessité.
Les communautés de croyants - que le voyageur peut retrouver lors de ses déplacements - offrent en outre la possibilité, à l'issue d'un enseignement progressif, de participer à leur culte, et cela sans restriction de sexe, de fortune, de culture ou de classe sociale : les adeptes, au nom d'un idéal de fraternité, s'y appellent frères et soeurs.
Le christianisme n'est pas une religion à mystères, fermée sur elle-même et accessible aux seuls initiés, mais ce n'est pas non plus une religion " visible " dans la période qui nous occupe : pas de processions spectaculaires (comme pour les religions orientales), pas de temples, pas de statues de Dieu... Ce qui peut expliquer à la fois sa progression et le silence des auteurs latins sur cette croyance nouvelle.

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A suivre: Juif ou chrétiens ?


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Message  Invité Ven 1 Fév 2013 - 17:26

mika973 a écrit:merci pour ces belles recherches. Comment fais-tu pour avoir ces informations? En tout cas j'attends avec impatience la suite. Je me doutais bien que tu pouvais trouver quelques choses

Il faut beaucoup de temps et des recherches: le web, la bibliothèque municipale dans les archives des trois premiers siècles

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Message  Invité Ven 1 Fév 2013 - 17:38

Juif ou chrétiens ?

Dans les premiers temps, la diffusion du christianisme se fait au sein de la communauté juive de la diaspora, dans les synagogues, puisque disciples et apôtres sont d'origine juive - Pierre, avant sa rencontre avec le Christ s'appelle Simon, et Paul est issu d'une famille juive de Tarse en Cilicie. Les Romains assimilent les chrétiens aux juifs,
le christianisme étant pour eux un des multiples courants spirituels qui traversent les communautés juives - un parmi d'autres. Si l'on en croit ce qui se passe ailleurs dans le monde méditerranéen, les rapports entre juifs et judéo-chrétiens sont très vite problématiques, en particulier lorsque les chrétiens commencent à accueillir parmi eux des païens incirconcis, a partir de l’an 36 de n.e. qui ne respectent pas la loi juive, en particulier les interdits alimentaires ; ainsi l'apôtre Paul, qui, par ses voyages et ses lettres, diffuse la foi chrétienne, préconise d'annoncer le Christ à tous sans distinction :"Vous tous en effet, baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ : il n'y a ni Juif ni Grec, il n'y a ni esclave ni homme libre, il n'y a ni homme ni femme ; car tous vous ne faites qu'un dans le Christ Jésus." (Galates chapitre 3 :27, Bible de Jérusalem).
Peu à peu, suivant une chronologie difficile à déterminer, les communautés chrétiennes acquièrent une autonomie et une identité propres, et à parti du IIIème siècle, une hiérarchie se met en place en leur sein.
L’importance de Rome
Dans le courant du IIème siècle, l'église de Rome voit grandir son prestige dans les communautés chrétiennes disséminées dans l’Empire romain.
Pour les chrétiens, Rome est en effet la ville qui aurait vu la mort de Paul, sous le règne de Néron, entre 64 et 67 ; cette tradition est attestée dès l'Antiquité, mais les textes qui racontent la décapitation de Paul sont trop tardifs pour être probants
" On raconte que, sous son règne [celui de Néron], Paul eut la tête coupée à Rome (…) "
(Eusèbe de Césarée (265-340), Histoire ecclésiastique, II, XXV, 5) Paul serait dès le deuxième siècle considérés comme fondateur de l'église de Rome. Étant en résidence surveillée, il n’avait pas la liberté de prêcher de maison en maison dans Rome. Néanmoins, il n’a cessé de prêcher à tous ceux qui venaient chez lui.
Rome est un lieu où se rencontrent, voire s'affrontent divers courants d'idées : au milieu du IIème siècle, des théologiens y viennent de différentes régions de l'Empire : Justin, arrivé de Naplouse, Tatien, né en Assyrie, Valentin, originaire d'Alexandrie …
Les débats sont vifs et le partage difficile entre la " vraie foi " et l'hérésie. Ce bouillonnement d'idées conduit dans certains cas à des ruptures.
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Marcion
Ainsi, vers 135, Marcion, né à Sinope, dans le Pont, Il pensait que Jésus avait abrogé la Loi pour la remplacer par celle de l’évangile et il en concluait que le père de Jésus était différent du dieu de l’Ancien Testament, et cherche à couper la religion chrétienne de ses racines juives.
Ses divergences de vues le conduisent à fonder une nouvelle église, l'église marcionite, fut considéré par la suite comme l'un des premiers hérésiarques, qui se répand rapidement à travers l'Empire. Un autre courant, le gnosticisme, tente d'expliquer - à travers des mythes complexes - la présence du mal dans le monde.
A Rome, la figure la plus marquante de ce mouvement est Valentin, (qui a donné le nom à la fameuse fête de la saint valentin fête des amoureux, c’est moi qui souligne cela), qui est arrivé dans cette cité vers 140. Cette doctrine met l'accent sur la connaissance ( gnôsis en grec) qui procure le salut. Les gnostiques seront rapidement considérés comme hérétiques.
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Suivra:Attitudes officielles

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Message  Invité Lun 4 Fév 2013 - 8:17

Attitudes officielles]
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L'attitude des Romains face aux chrétiens ? Une image quelque peu caricaturale a été largement répandue, en particulier au dix-neuvième siècle et au début du vingtième : celle d'une arène où un fauve met en pièces un croyant en prière, symbole des persécutions endurées par les chrétiens. Flaubert se moque d'ailleurs de cette tendance dans le dictionnaire des idées reçues : " MARTYRS : Tous les premiers chrétiens l'ont été. "
Dans les deux premiers siècles de notre ère, avant les persécutions du IIIème siècle, la situation est plus complexe ...
Premières sanctionsSuétone donne la première indication connue, à propos de l'expulsion des juifs de Rome
Ordonné par l’empereur Claude, qui a lieu en 49 ou début 50 de n. è., dans la neuvième année de son règne.:
"Iudaeos impulsore Chresto assidue tumultuantis Roma expulit."
(Suétone, Vie des Douze Césars, Claude, XXV).
"Il expulsa les Juifs qui causaient des troubles constants à l'instigation de Chrestus. "
Ce texte signale au sein de la communauté juive une agitation que l'on peut peut-être attribuer à la présence de chrétiens. Ce mot "Chrestus" a fait en effet couler beaucoup d'encre : si certains historiens pensent qu'il s'agit d'un agitateur juif présent à Rome (christos n'est pas à l'origine un nom propre et veut dire "oint" en grec), d'autres voient le signe de dissensions au sein de la communauté juive, dues à la présence de chrétiens. Que des judéo-chrétiens aient été contraints à l'exil est confirmé par les Actes des Apôtres, un des livres des Ecritures Grecques-Chrétiennes. L'apôtre Paul rencontre en effet à Corinthe deux artisans chrétiens d'origine juive, Aquilas et Priscille, qui ont dû quitter Rome " à la suite d'un édit de Claude qui ordonnait à tous les juifs de s'éloigner de Rome. " (Actes des Apôtres, 18, 2)

Néron persécuteur des Chrétiens
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Tacite évoque la persécution très cruelle infligée aux chrétiens par Néron - la première rapportée par les historiens romains.
L'empereur, après l'incendie de Rome en 64, tente d'en rejeter la responsabilité sur les chrétiens ; on peut supposer que l'opinion publique ne leur est déjà guère favorable - on ne choisit pas de bouc émissaire dans un groupe apprécié -,
et le seul fait de pratiquer une religion étrangère les place déjà dans l'illégalité. Tacite a fort mauvaise opinion des chrétiens, mais il souligne la bestialité de Néron et note que " ... tamquam non utilitate publica, sed in saevitiam unius absumerentu [...]" (Tacite, Annales, XV, 44)
" ... on se disait que ce n'était pas en vue de l'intérêt public, mais pour la cruauté d'un seul qu'on les faisait disparaître [...]. "
L'épisode est également raconté par Suétone, très brièvement (Suétone, Vie des douze Césars, Claude, XXV). Sans doute quelques années après (il est difficile d'établir une date précise), Paul, arrêté en Palestine, demande à être jugé non devant les instances locales, mais à Rome, et il est conduit dans la capitale de l'Empire car il bénéficie des droits attachés à son statut de citoyen romain. Cette attitude tend à montrer que l'apôtre crédite le droit romain d'une certaine impartialité pour trancher le conflit qui l'oppose aux juifs.
Nous ne savons rien de certain sur le sort des chrétiens de Rome après la persécution néronienne jusqu'au début du IIème siècle, même si certains, peut-être même des membres de la haute société, ont sans doute été poursuivis sous Domitien (81 - 96) pour des motifs religieux.

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SUIVRA: Les " rescrits " de Trajan et d'Hadrien

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Message  Invité Jeu 7 Fév 2013 - 13:56

Les " rescrits " de Trajan et d'Hadrien

Une lettre de Pline le Jeune, en 112 -113, interroge l'empereur Trajan sur la manière de traiter les chrétiens, ce qui laisse supposer qu'il n'existe pas alors de loi spécifique antérieure à cette date (Pline le Jeune, Lettres, X, 96). Nous possédons la réponse de Trajan, un " rescrit ", texte faisant par la suite jurisprudence (Pline le Jeune, Lettres, X, 97). Il s'agit en l'occurrence des chrétiens de Bithynie, province dont Pline est gouverneur, et non de ceux qui vivent à Rome ou en Italie. Cette missive donne cependant une indication précieuse : ce n'est pas sous l'impulsion du pouvoir central que se font les persécutions, mais à partir de pressions populaires et de dénonciations ; l'hostilité de l'opinion publique contre eux est manifeste.
Hadrien, vers 125, confirme lui aussi, dans une lettre (citée par Justin, Apologie, LXVIII, 6-10), l'essentiel des dispositions de Trajan ; son courrier protège en un sens les chrétiens dans la mesure où il interdit toute action violente et toute dénonciation anonyme, mais n'empêche nullement qui le désire de les poursuivre en justice et de les faire condamner à mort pour leurs pratiques religieuses. Cependant, aucun martyr n'est attesté sous son règne.

Les derniers Antonins
Sous le règne de Marc-Aurèle, empereur philosophe mais peu enclin à sympathie envers la foi de ceux qui suivent le Christ, l'hostilité envers les chrétiens ne va cesser de croître ; on les rend responsables des malheurs qui menacent l'Empire : épidémie, famine, dangers d'invasion…
La foule les agresse, de véritables " pogroms " ont lieu, à Antioche.
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À Lyon, où, en 177, ils sont martyrisés en nombre. Eusèbe de Césarée ne cite que les principaux noms parmi les victimes, et évoque l’existence à part de son Histoire ecclésiastique d'une liste des martyrs et des survivants. Cette liste fut probablement traduite en latin par Rufin d'Aquilée au début du Ve siècle en même temps que l'Histoire, recopiée dans les martyrologues, et parvint à la connaissance de Grégoire de Tours. Elle a été patiemment reconstituée en 1921 par Dom H. Quentin, par recoupements à partir de différents manuscrits. Elle comporte 48 noms, correspondant à 47 personnes, Vettius étant également nommée Zacharie. Comme l'indique Eusèbe, elle liste ces personnes selon le sort qu'elles ont connu :
Décapités : 22 martyrs, mode d'exécution correspondant à leur qualité de citoyen romain. Parmi ce groupe, onze femmes
Mis à mort dans l'arène : 5 hommes et une femme, Blandine
Mort en prison : 19 personnes, dont dix femmes.
Une quatrième liste dont le détail n'est pas connu indiquait les survivants, qualifiés par Eusèbe de « confesseurs » et non de martyrs comme les victimes des trois premières listes. Ils ont admis être chrétiens, mais échappent à la mort. Leur sort n'est pas connu, la peine de prison n'existant pas dans le droit romain, ils peuvent aussi bien avoir été relaxés que condamnés aux mines.
L'étude des noms indiqués donne des indications d'origine géographique : la plupart sont des gentilices romains, un ou peut-être trois semblent des noms celtes, et 16 ou 17, soit un tiers, sont des noms grecs. Ces derniers noms peuvent indiquer une origine orientale, mais pas de façon certaine, car la mode était de donner des noms grecs aux esclaves, quelle que soit leur origine, dénominations qu'ils conservaient une fois affranchis.
Ces flambées de violence sont particulièrement brutales dans les cités d'Orient. A Rome même, le philosophe Justin est mis à mort vers 165, avec d'autres coreligionnaires

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A Suivre Le début du troisième siècle


Dernière édition par Erez le Lun 11 Fév 2013 - 10:54, édité 1 fois

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Message  Invité Lun 11 Fév 2013 - 10:53

Le début du troisième siècle

Dans la première moitié du IIIème siècle, diverses mesures font peser, à terme, des menaces sur la situation des chrétiens : Septime Sévère interdit en 202 les prosélytismes juif et chrétien ; Caracalla, en 212, accorde la citoyenneté à tous les habitants libres de l'Empire. Cette décision leur impose, par voie de conséquence, le culte des dieux officiels romains - que les chrétiens refusent. Si des violences continuent, particulièrement à Alexandrie ou en Afrique, on ne constate pas encore de volonté politique manifeste et déterminée de venir à bout des chrétiens. La politique de Dèce (249 - 251) sera tout autre, et cet empereur déclenchera la première persécution systématique en obligeant tous les habitants de l'Empire à sacrifier aux dieux.
Pourquoi des persécutions ?
Même si les persécutions, du moins dans les deux premiers siècles, furent moins étendues qu'on le croit d'ordinaire, il n'en reste pas moins que l'on constate à la fois une expansion continue de la nouvelle religion et une hostilité grandissante à son égard.

Tout d'abord, le christianisme, monothéisme rigoureux, conduit ses fidèles à ne participer à aucun culte public. Alors que bien des religions étrangères ont été tolérées, voire acceptées au début de l'Empire, le refus chrétien est interprété comme une mise en cause des fondements politiques et religieux de l'état romain. En effet, le chrétien va à l'encontre de la coutume des ancêtres, le mos majorum. Faire des sacrifices, c'est vouloir le bien de la cité en réactivant le contrat qui lie celle-ci aux dieux : la citoyenneté est ainsi indissociable des cultes officiels. Par ailleurs, le culte impérial est considéré comme un des ciments de l'Empire. La conséquence logique de cette " impiété ", de cet " athéisme ", pour un Romain, c'est la répression, car celui qui n'accepte pas de prouver ainsi son attachement à la cité et à l'Empereur adopte une attitude égoïste et séditieuse - même si par ailleurs son comportement personnel est d'une moralité irréprochable, ainsi que le constate Pline dans sa lettre à Trajan. Dans la répression du christianisme, motifs religieux et motifs politiques s'entremêlent.
La religion chrétienne conduit aussi ses adeptes à se tenir à l'écart de la vie quotidienne, qui reste imprégnée, en bien des occasions, de rites religieux païens ou, aux yeux des chrétiens, moralement condamnables : fêtes familiales ou publiques, représentations théâtrales, jeux du cirque et de l'amphithéâtre (Minucius Felix, Octavius, XII, 4 - 6).
Au marché même, on vend des viandes issues de sacrifices, et que les chrétiens ne peuvent consommer. Pour ceux qui suivent le Christ, le mariage avec un païen reste prohibé, servir dans l'armée pose problème, occuper fonctions publiques et magistratures aussi.
Tertullien, écrivain chrétien considéré cependant comme adoptant des positions trop tranchées par ses coreligionnaires, rapporte ainsi avec admiration qu'en 211, un soldat refuse, car c'est contraire à ses convictions, le port d'une couronne lors de la remise d'une gratification impériale (Tertullien, Sur la Couronne, I, 1 - 4). " Aux yeux de la multitude, le grand tort des chrétiens était de s'isoler et de se vouloir autres : c'est une tendance habituelle que de haïr ce qui est différent de soi, et, dans une collectivité, ceux qui se mettent à l'écart. […] L'isolement auquel les réduisait leur strict exclusivisme religieux faisait d'eux des dissidents dans leurs cités et, en les mettant à part de la communauté civique, il les faisait suspecter de misanthropie." (Claude Lepelley, dans Histoire du christianisme, Tome 1, p. 248). Cette remarque éclaire le jugement brutal de Tacite qui affirme que leur crime est " la haine du genre humain - odium humani generis ". (Annales, XV, 44)
Les rites chrétiens restent également mystérieux, mal connus ; ils ont lieu dans des maisons particulières ; seuls ceux qui ont été baptisés sont admis à participer à la commémoration du dernier repas et du sacrifice du Christ. Ce secret alimente les peurs : la rumeur publique a vite fait d'accuser les chrétiens de crimes abominables et de faire retomber sur eux la responsabilité des catastrophes naturelles.
Tertullien souligne les méfaits des bruits qui courent et qui ont vite fait de dénaturer la vérité : " Quae ne tum quidem, cum uera defert, a libidine mendacii cessat, ut non falsa veris
intexat adiciens detrahens uarietate confundens."
"La renommée ? Mais lors même qu'elle apporte la vérité, elle ne renonce point à la fantaisie du mensonge, mêlant le faux avec le vrai, ajoutant, retranchant, confondant et dénaturant toutes choses. " (Tertullien, Ad nationes, I, VII)
Plusieurs œuvres littéraires se font l'écho des calomnies suscitées par la haine populaire : meurtre - en particulier meurtres rituels d'enfants -, anthropophagie, inceste, débauche ... On trouve à ces accusations quelques explications dans des croyances et pratiques chrétiennes déformées :
l'appellation de frères et soeurs entre les adeptes conduit au soupçon d'inceste, le partage du pain et du vin qui, pour les croyants, sont le corps et le sang du Christ - à celui d'assassinat et de cannibalisme. On blâme aussi les chrétiens de vénérer une divinité moitié homme - moitié animal, car on leur fait l'étrange reproche d'adorer un dieu à tête d'âne. Un graffiti découvert en 1856 à Rome, sur la colline du Palatin, dans le Paedagogium (peut-être l'école des serviteurs du palais) montre un crucifié à tête d'âne ; à sa gauche, un homme adopte une attitude propre à la prière. Une inscription à la graphie maladroite affirme, en grec : " Alexaménos adore dieu ". Plusieurs auteurs latins font référence à cette croyance, réfutée par les chrétiens, en particulier par Tertullien, qui la qualifie de " ridicule invention ".
" Nam, ut quidam, somniasti caput asininum esse deum nostrum : hanc Cornelius Tacitus suspicionem fecit."
" Certains, parmi vous, ont rêvé que notre Dieu était une tête d'âne. Tacite est le premier auteur de cette ridicule invention." (Tertullien, Ad nationes, I, XI).
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Enfin, la religion chrétienne est dès l'origine une religion missionnaire : dans les Nouveau Testament (les Ecritures grecques-Chrétiennes) apparaît à plusieurs reprises ce souci d'aller porter la " bonne nouvelle ". Contrairement au judaïsme, qui est ancré dans une terre d'origine, de souche antique, et donc respectable aux yeux des Romains, les chrétiens ne font pas partie d'une nation à laquelle on reconnaît le droit de conserver ses pratiques religieuses. Leur prosélytisme actif et visible d'une religion nouvelle, cosmopolite, intransigeante, sans respect pour les hiérarchies sociales établies, est perçu comme dangereux pour le monde gréco-romain.
SUIVRA: LES AUTEURS LATINS

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Message  Invité Jeu 14 Fév 2013 - 8:41

Les auteurs latins

Dans les deux premiers siècles de notre ère, le corpus de textes latins écrits par les auteurs païens, à propos des chrétiens, est extrêmement restreint. Faut-il y voir un signe de mépris envers ce qui est quantité négligeable, ou le fait que la communauté chrétienne ne joue à Rome qu'un rôle encore peu important et se distingue mal aux yeux des Romains de la religion juive ?
En tout cas, les quelques écrivains romains qui parlent du christianisme le font dans des termes très péjoratifs: " race adonnée à une superstition nouvelle et coupable, genus hominum superstitionis nouae ac maleficae " (Suétone), " superstition pernicieuse, exitiabilis superstitio " (Tacite), " superstition déraisonnable et sans mesure, supertitio prava et immodica " (Pline le Jeune) : cette croyance nouvelle ne peut que nuire au peuple romain. Elle apparaît aussi comme une religion irrationnelle, à laquelle manque le sens de la mesure - bien éloignée des idéaux philosophiques cultivés par l'antiquité gréco-romaine. Pline la qualifie d'amentia, de folie, de ce qui est privé d'intelligence, de capacité de réflexion.
L'acceptation du martyr par les chrétiens, le fait que leur théologie fasse une victoire de ces morts ignominieuses, à l'imitation du Christ, est considéré, non comme un signe de fidélité à ses convictions, mais comme un fanatisme irraisonné. Marc-Aurèle voit dans leur courage devant la mort non le fruit d'un jugement personnel, mais un " simple esprit d'opposition "
(Marc Aurèle, Pensées, XI, 3).
Celse

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Même si les auteurs latins des deux premiers siècles n'évoquent que fort peu le contenu de la religion chrétienne, un ouvrage qui développe un regard païen sur le christianisme nous est cependant parvenu de manière indirecte : le Discours Vrai, rédigé vers 180 par Celse, un auteur dont la vie nous est pratiquement inconnue. Cet ouvrage est désormais perdu, mais on peut le reconstituer à travers les écrits d'un écrivain chrétien de langue grecque, Origène, qui, vers 248, rédige un Contre Celse, pour réfuter, les unes après les autres, les accusations et les objections de Celse. Ces dernières offrent l'intérêt de présenter le point de vue d'un homme cultivé, habitant de l'Empire, et imprégné de culture grecque.
A l'évidence, Celse connaît les textes juifs et chrétiens et ne limite pas son jugement, comme nombre de Romains, à une rapide appréciation négative ou des à ragots insultants. Son argumentation permet de dégager ce qui, en tant qu'héritier d'une tradition philosophique, religieuse et politique gréco-romaine, le choque dans la religion chrétienne - même s'il lui dénie par ailleurs toute pensée novatrice.
Religion et raison
Le christianisme paraît à Celse contraire à l'usage de la raison, au logos grec, à la sagesse. Il reproche par exemple aux chrétiens d'affirmer " que la science fait perdre aux hommes la santé de l'âme " (Origène, Contre Celse, III, 75. Traduction : M. Borret, Editions du Cerf, 1967). Le christianisme se coupe des anciens qui sont la référence dans la quête spirituelle de la divinité : hommes illustres, héros, poètes, philosophes. Ce n'est pas une religion de doctes esprits, rompus à la réflexion philosophique : elle est simpliste, comme sont simples ceux auxquels elle s'adresse " les gens les plus incultes et les plus grossiers " (III, 55) - et scandaleuse aussi, puisqu'elle prétend accueillir en son sein et convertir les plus dépravés, " voleur, perceur de muraille, empoisonneur, pilleur de temple ". On retrouve d'ailleurs à plusieurs reprises ce rejet d'une religion qui n'a pas pour pilier une élite intellectuelle et sociale, mais des hommes de toute extraction. Jésus et ses disciples sont dépeints ainsi : " Jésus s'étant attaché dix ou onze hommes décriés, publicains et mariniers fort misérables, s'est enfui avec eux de çà et de là, mendiant sa subsistance d'une manière honteuse et sordide. " (I, 62, id.)

SUIVRA:La nature de Dieu

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Message  Invité Dim 17 Fév 2013 - 16:11

La nature de Dieu

Les fondements même de la religion chrétienne font problème : l'incarnation (Dieu fait homme en la personne de Jésus-Christ) en tant que conception miraculeuse (Jésus-Christ né d'une vierge), et surtout la nature même du Christ, homme et créature divine - le débat sur ce sujet est d'ailleurs une question centrale au sein même de l'église primitive : " Le corps d'un dieu ne saurait être comme le tien. " (I, 69)
Pour Celse, si un être divin se fait homme, il a par là-même perdu sa divinité, la nature de la divinité étant d'être immortelle et immuable.
Celse présente les chrétiens comme " attachés au corps " (VII, 36), " rivés à la chair " (VII,42), ne vivant que " pour le corps, c'est-à-dire une chose morte " (VII, 45) :
leur doctrine est incompatible avec les théories platoniciennes, qui sont une référence majeure de la philosophie antique. Par ailleurs, Jésus ne peut être dieu s'il meurt, soumis de surcroît au châtiment le plus dégradant, celui des esclaves : la mise au poteau est le signe même de son impuissance devant la mort. Jésus " ne fut donc qu'un homme, tel que la vérité elle-même le montre et la raison le prouve. "(II, 79). Cette incompréhension profonde, l'apôtre Paul la signale lui aussi:
« Mais nous, nous prêchons Christ attaché sur un poteau, pour les Juifs occasion de trébucher, mais pour les nations sottise " (1 Corinthiens, 1 : 23. TMN ) .
La doctrine du salut.
Pour Celse, l'annonce de la résurrection du Christ, élément fondamental de la religion chrétienne, relève du charlatanisme : aucune preuve tangible de l'événement ne peut être apportée.
Elle est aussi contraire à la pensée philosophique antique : " Rien n'est immortel de ce qui provient de la matière. " (IV, 61, id.)
Celse nie l'existence d'un dieu providentiel et refuse l'idée d'un salut du monde qui s'inscrit dans l'histoire : " Il ne saurait y avoir ni plus ou moins de mal dans le monde, autrefois, aujourd'hui, à l'avenir : car la nature de l'univers est une et est toujours la même, et l'origine
du mal est toujours la même.
" (IV, 62, id)
Celse s'oppose en cela à ce qu'on pourrait appeler un " anthropocentrisme ", chrétien: l'univers ne fonctionne pas pour l'homme selon un dessein divin, et l'homme n'a pas de supériorité sur la nature, son corps étant de même essence que celui d'un animal.
La doctrine chrétienne de la résurrection s'avère par là même, à ses yeux, particulièrement absurde (Origène, Contre Celse, V, 14).
Le monothéisme.
Celse ne comprend pas pourquoi les chrétiens refusent de vénérer tout autre divinité que la leur. Partageant une opinion commune à son époque, il ne condamne pas le monothéisme, et considère que la divinité suprême englobe toutes les formes divines : " Rendre un culte à plusieurs dieux, c'est rendre un culte à l'un de ceux qui appartiennent au grand dieu et, par là même, lui être agréable ." (VIII, 2,id.)
La politique: religion et ordre établi.
A la fin du Discours véritable, Celse développe un certain nombre d'arguments qui sont d'ordre politique. Les chrétiens sont, selon lui, mus par un esprit de révolte qu'il condamne. Il enjoint aux chrétiens de participer au fonctionnement de l'état : être soldat, prendre part au gouvernement, etc. A travers son propos perce une crainte : si l'on ne respecte pas les marques de révérence envers l'empereur, on ne reconnaît pas le pouvoir en place, on l'affaiblit donc - et alors " tous les biens de la terre " seront " la proie des barbares très iniques et très sauvages ", on n'entendra plus " parler sur la terre ni de la religion ni de la véritable sagesse. " (Origène, Contre Celse, VIII, 68)
C'est donc une vision très négative du christianisme que celle de Celse, qui assimile volontiers les chrétiens à des imposteurs, charlatans et sorciers pratiquant la magie - mais à des imposteurs dangereux dont il lui faut contrer l'expansion


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Message  Invité Mar 19 Fév 2013 - 1:29

Très belle recherche félicitations et merci pour ces partages.

(Suétone, Vie des Douze Césars, Claude, XXV). Ce livre que tu cites, je l'avais ou je l'ai je ne saurais pas dire car je l'avais mis en vente et finalement avec les travaux d'ici je ne sais plus ou c'est. Le christianisme dans la Rome impériale 806710


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Message  Invité Mar 19 Fév 2013 - 7:11

Les auteurs chrétiens: les apologistes

Très tôt, des écrivains chrétiens, que l'on appelle les apologistes, vont prendre la défense de leurs coreligionnaires, en rédigeant des ouvrages où ils vont à la fois réfuter les accusations qui sont portées à l'encontre de ces derniers, et présenter la doctrine chrétienne : ils prennent conscience de la nécessité de présenter leur foi sous un angle à la fois philosophique et théologique. Paradoxalement, c'est par l'entremise de ces ouvrages chrétiens que nous pouvons appréhender la vision des Romains sur cette religion nouvelle, et lire le récit des premiers martyres, même s'il est nécessaire, en consultant ces sources, de prendre en considération la visée de ces textes. Les premiers ouvrages sont rédigés en langue grecque, langue usuelle dans les communautés chrétiennes des deux premiers siècles. Ce n'est que dans la seconde moitié du deuxième siècle que va apparaître, avec Tertullien, une littérature chrétienne de langue latine.
Tertullien[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]


Dans la lignée d'apologistes de langue grecque (Justin, Tatien, Athénagore…) dont il reprend certains thèmes, Tertullien, né à Carthage, utilise la rhétorique classique et sa connaissance de la philosophie et du droit romain pour dénoncer vigoureusement l'injustice faite aux chrétiens. Il n'hésite pas à s'en prendre aux décisions officielles (Apologétique, II, 6 - 9), par exemple celle de Trajan. Deux de ses ouvrages au ton très polémique, l'Apologétique et Aux nations, écrits en 197, s'en prennent ouvertement au mode de vie et de penser romains ainsi qu'à la religion païenne.
L'argumentation vise en outre à montrer que les persécutions ne sont pas fondées en droit, qu'elles reposent sur le seul fait d'être chrétien - sur la simple dénomination de " chrétien ", sans qu'aucun acte délictueux ne soit commis :
"Intellegere potestis, non scelus aliquod in causa esse, sed nomen." (Apologétique, II, 18)
"Vous pouvez comprendre que ce n'est pas un crime qui est en cause, mais un nom."
Il analyse les raisons de la haine suscitée par les chrétiens : ignorance (Apologétique, I, 4 et I, 8 - 9), préjugés, crédit accordé à la rumeur. Il s'attaque, pour en démontrer l'inanité, aux accusations de crime - la religion chrétienne, affirme-t-il, impose une conduite morale très stricte, et donc à l'abri de tout reproche -, réfute l'idée que les chrétiens mènent une vie hors de la cité.
Il cherche aussi à contrer le grief d'inculture. Les apologistes, qui ont reçu une solide formation à la culture gréco-latine, ne veulent pas laisser enfermer leurs coreligionnaires dans l'image d'hommes crédules ; ils affirment donc la primauté, de par son ancienneté, de la Bible, qui aurait été à l'origine de toute sagesse et de toute philosophie : Auctoritatem litteris praestat antiquitas summa." (Apologétique, XIX, 1)
"Ce qui donne de l'autorité aux écritures, c'est leur antiquité très haute."
Ils opèrent les premiers rapprochements entre la pensée grecque et la foi chrétienne :
" Apud uestros quoque sapientes, logon, id est sermonem atque rationem, constat artificem uideri uniuersitatis. [...]
Et nos autem sermonem atque rationem, itemque uirtutem, per quae omnia molitum deum ediximus, propriam substantiam spiritum adscribimus, cui et sermo insit pronuntianti, et ratio adsit disponenti, et uirtus praesit perficienti.
" (Apologétique, XXI, 10 - 11. Traduction J.P. Waltzing, Librairie Bloud et Gay, 1914)
"Vos philosophes aussi sont d'accord pour dire que c'est le logos, c'est-à-dire " la parole et la raison ", qui est l'auteur de l'univers. [...] Or, nous aussi, nous regardons la parole et la raison, et aussi la puissance par lesquelles Dieu a tout créé, nous l'avons dit, comme une substance propre que nous appelons "esprit": la parole est dans cet esprit quand il commande, la raison la seconde quand il dispose, la puissance l'assiste quand il réalise."
Toutefois, le passage cité ci-dessus révèle une fracture : d'un côté les Romains (chez vous, "apud vestros"), de l'autre les chrétiens (et nous "et nos"). Le christianisme de ces premiers siècles peine à faire une synthèse entre les préceptes qui sont les siens et la culture gréco-romaine où littérature, art et même philosophie sont étroitement liés à une religion considérée comme idôlatre"
.
" Sed conuersus ad litteras uestras, quibus informamini ad prudentiam et liberalia officia, quanta inuenio ludibria!"
"Mais si je me tourne vers votre littérature, qui vous forme à la sagesse et à vos devoirs d'hommes libres, que de choses ridicules j'y trouve." (Apologétique, XIV, 2. )
Chez Tertullien, la méfiance est manifeste, même s'il n'en emprunte pas moins des modes de pensée et une rhétorique issus d'une culture profane.
Minucius Felix[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
A la même époque, à la fin du IIème siècle ou au début du IIIème, Minucius Felix rédige en latin un dialogue, l'Octavius, où il met en scène deux amis, l'un chrétien, Octavius, l'autre païen, Cécilius, qui, en se promenant sur la plage d'Ostie, tentent de convaincre l'autre du bien fondé de sa position. L'auteur est chrétien, et c'est bien sûr Octavius qui finit par l'emporter. Mais les propos que Minucius Felix met dans la bouche des deux personnages permettent de mieux comprendre cette fracture entre deux visions du monde.
Par exemple, Octavius, au cours de son argumentation, décrit la religion païenne comme vidée de son sens, réduite à des pratiques rituelles privées de raison (Octavius, XXIV, 11 - 13); ailleurs, il présente les mythes fondateurs comme le récit d'actions criminelles, en les jugeant selon des critères moraux (Octavius, XXVI, 1 - 3). Minucius Felix tente ainsi de convaincre, en un discours émaillé de références à des auteurs classiques, un public cultivé dont il connait le scepticisme face au polythéisme traditionnel, et l'attirance pour un monothéisme lié à une réflexion philosophique.

Suivra: La conclusion

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Message  Invité Ven 22 Fév 2013 - 14:47

Péroraison

Dans les deux premiers siècles de notre ère, les Romains considèrent les chrétiens comme une secte nouvelle, peu recommandable certes par son recrutement dans toutes les classes de la société, y compris les plus basses, et par ses croyances qui vont à l'encontre de bien des modes de vie, de bien des éléments de la pensée philosophique antique. Cette altérité provoque des situations de rejet, voire le recours à la violence ; les chrétiens sont à la merci de dénonciations, de mouvements populaires d'hostilité, mais pas d'une volonté d'éradiquer complètement leur religion, dont l'expansion numérique au cours de cette période reste mal connue.
Vers le milieu du IIIème siècle, la situation des chrétiens change. Le monde romain connaît une grave crise. Différents empereurs vont tenter de maintenir coûte que coûte l'unité menacée de l'empire - aux dépends de ceux qui, malgré leur nombre grandissant, sont encore perçus comme un danger. Les persécutions, jusqu'alors sporadiques, prennent dès lors une tournure systématique.
MALGRÉ de cruelles persécutions, la jeune congrégation chrétienne continuait à prospérer et à grandir. La vérité de la bonne nouvelle relative au Royaume de Dieu et de son Messie continuait de ‘porter du fruit et de s’accroître dans le monde entier’. Alors que les prédicateurs du Royaume s’engageaient dans de nouveaux territoires, leurs adversaires se lamentaient de ce que ‘ces gens qui avaient bouleversé la terre habitée étaient également ici’. — Colossiens 1:5, 6; Actes 17:6
Mais que pouvaient faire de simples hommes pour empêcher la diffusion de la vérité? L’Histoire rapporte qu’au cours des trois premiers siècles de notre ère, les Césars de l’Empire romain déclenchèrent une dizaine de vagues de persécutions contre les chrétiens, mais en vain. Ceux qui suivaient l’exemple de Jésus se montraient “solides dans la foi” et refusaient de transiger avec leur conscience, bien que le Diable, comparé à un “lion rugissant”, ait jeté un grand nombre d’entre eux aux lions ou les ait fait torturer jusqu’à la mort. — I Pierre 5:8, 9; comparez avec I Corinthiens 15:32; II Timothée 4:17.
LA GRANDE APOSTASIE
Quel genre d’attaque sournoise le Diable allait-il donc déclencher contre les chrétiens? Faisant allusion à l’ancien Israël qui avait manqué de foi, l’apôtre Pierre donna cet avertissement: “Il y eut aussi de faux prophètes parmi le peuple, comme il y aura de même parmi vous de faux enseignants. Ceux-ci introduiront discrètement des sectes destructrices (...). Par convoitise, ils vous exploiteront avec des paroles artificieuses.” (II Pierre 2:1, 3). Ces faux enseignants sectaires et leurs doctrines religieuses erronées avaient déjà commencé à faire leur apparition à la fin du premier siècle, car vers 98 l’apôtre Jean écrivit: “Comme vous avez appris que l’antichrist vient, voici que dès maintenant il est survenu beaucoup d’antéchrists (...). Ils sont sortis de chez nous, mais ils n’étaient pas des nôtres.” — I Jean 2:18, 19.
Vers quoi ont-ils donc tourné leurs oreilles? Vers des doctrines qui avaient vu le jour dans l’antique Babylone, le berceau de la fausse religion, et vers les philosophies grecques qui étaient très populaires dans le monde romain de l’époque. Une encyclopédie (la Cyclopædia de M’Clintock et Strong) fait ce commentaire: “La simplicité de l’Évangile se corrompit; on introduisit des cérémonies et des rites pompeux; les enseignants du christianisme se virent décerner des honneurs séculiers et accorder une rémunération; et le royaume du Christ fut dans une large mesure converti en un royaume de ce monde.” De son côté, l’Encyclopédie britannique dit à ce sujet: “Rien n’a peut-être contribué davantage à corrompre le christianisme que l’introduction en son sein de superstitions qui étaient soit païennes elles-mêmes, soit suggérées par des coutumes païennes. Incapable de combattre victorieusement le christianisme, le paganisme fit beaucoup pour le corrompre et il entama sa pureté de nombreuses façons.”
PENDANT la Seconde Guerre mondiale, un citoyen hollandais, Hans Van Meegeren, vendit à un Allemand ce qu’il fit passer pour la première toile connue de Jan Vermeer, peintre hollandais du XVIIe siècle. De l’avis général, c’était un chef-d’œuvre. À la fin de la guerre, Van Meegeren fut arrêté pour avoir vendu la précieuse œuvre d’art à l’ennemi. Imaginez la surprise de ses accusateurs quand il avoua que c’était lui qui avait fait le “chef-d’œuvre de Vermeer”. Il en donna la preuve en peignant un autre “Vermeer” en prison.
Cet exemple nous apprend qu’une signature ou une étiquette n’est pas forcément un gage d’authenticité ni une protection contre les faux. Dans le cas d’une peinture, on peut découvrir la supercherie en comparant la toile douteuse à une toile authentique, et en examinant soigneusement la technique et les matériaux utilisés dans les deux cas.
Intéressante est la citation faite par un sage
Mais comment savoir ce qu’est être chrétien si les bergers ne nous le montrent pas ? Le clergé catholique donne plutôt une image de chrétiens passifs, distants, froids, quand il s’agit d’agir pour changer l’ordre de ce monde ! Les pasteurs protestants et autres idem. C’est à croire qu’il est imperméable au christianisme, conformément à l’idée que Sandhu Singh s’est formé à juste titre des chrétiens : « Un jour, j’étais assis au bord d’une rivière. Je sortis une pierre ronde de l’eau et la brisai. A l’intérieur, elle était parfaitement sèche. Cette pierre était restée dans l’eau pendant très longtemps, mais l’eau n’y avait pas pénétré. Ensuite je pensai que la même chose était arrivée aux hommes en Europe. Pendant des siècles, ils avaient été plongés dans le christianisme, mais le christianisme n’a pas pénétré en eux, il ne vit pas en eux. »
Aujourd’hui, des centaines de millions de personnes se servent de la “signature” ou de l’étiquette “chrétien”. Peut-être êtes-vous l’une de ces personnes. Dans ce cas, comment dire si vous êtes un chrétien authentique? Pour commencer, comparez votre conduite et vos croyances aux enseignements de Jésus Christ et de ses apôtres, tels qu’ils nous sont rapportés dans la Bible. Deuxièmement, examinez de quelle façon les premiers chrétiens appliquaient ces enseignements. En troisième lieu, analysez votre propre forme de religion et voyez si elle est conforme au modèle que Christ a laissé. Enfin, demandez-vous: “Ma religion correspond-elle au christianisme authentique? Est-ce que je le pratique?”

Voici ce que la Tour de Garde du 15 mai 1982 au sous-titre : « ÊTES-VOUS UN VRAI CHRÉTIEN? » rapportait :
« Quiconque dit être chrétien doit pouvoir répondre à cette question par l’affirmative. En effet, c’est en fonction de cette réponse que Dieu nous approuvera ou nous désapprouvera. Le christianisme n’est pas simplement une croyance ou une étiquette, mais un mode de vie. Votre façon de vivre est-elle conforme à l’exemple du Christ? Vos pratiques religieuses ont-elles la même qualité que celles des premiers chrétiens décrits dans la Bible? »
L’apôtre Paul nous adresse cette exhortation: “Mettez-vous donc vous-mêmes à l’épreuve: examinez votre vie pour voir si vous avez la foi.” (II Corinthiens 13:5, Parole vivante, transcription de Kuen). Pour ce faire, nous vous invitons à examiner les questions ci-dessous et à lire dans votre propre Bible les textes indiqués en référence.
1. Soutenez-vous les causes nationalistes ou politiques qui créent des divisions entre ceux qui se disent chrétiens? — I Corinthiens 1:10; Jean 18:36; Jacques 1:27.
2. Comment définissez-vous l’amour chrétien? — I Corinthiens 13:4-8.
3. Vous efforcez-vous, dans la pratique, de montrer que vous aimez vraiment votre prochain? Comment le montrez-vous? — Matthieu 22:39; Jean 13:34, 35.
4. Êtes-vous bon, tendrement compatissant et miséricordieux envers les autres? — Éphésiens 4:31; Romains 12:10.
5. Dans votre vie de tous les jours, vous abstenez-vous de mentir, de voler, de tricher et d’employer un langage obscène ou grossier? — Éphésiens 5:3-5; 4:25-31.
6. Êtes-vous enclin à penser que la moralité sexuelle n’a pas grande importance? — Marc 7:20-23.
7. Avez-vous tendance à commettre des excès dans le manger et le boire? — Proverbes 23:20, 21; Éphésiens 5:18.
8. Essayez-vous de communiquer votre véritable foi chrétienne par vos paroles et vos actions? — Romains 10:9, 10; I Corinthiens 9:16.
À quelle conclusion arrivez-vous? Existe-t-il de vrais chrétiens aujourd’hui? Connaissez-vous des gens qui s’efforcent sincèrement d’imiter le Christ et qui font des efforts pour parler de la foi et de la conduite chrétiennes à leur prochain? Est-ce que votre propre religion enseigne et pratique le christianisme authentique, ou bien ne porte-t-elle qu’une étiquette attrayante ou une signature prestigieuse? S’il en était ainsi, suivez ce conseil biblique avant qu’il n’en soit trop tard : « (…) Sortez d’elle, mon peuple, si vous ne voulez pas participer avec elle à ses péchés, et si vous ne voulez pas recevoir [votre part] de ses plaies. 5 Car ses péchés se sont amoncelés jusqu’au ciel, et Dieu s’est rappelé ses actes d’injustice » Rév. 18 :4,5

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Message  Invité Dim 24 Fév 2013 - 22:21

Merci à toi.

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Message  Invité Lun 25 Fév 2013 - 7:24

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